10/27/2006

Un appel


Un jour, une petite chouette quitta sa verte forêt pour la grande ville afin de suivre sa famille. Bien que sa ville soit peut-être la plus confortable du monde, la chouette ne s’y acclimata jamais tout à fait. Elle dut se résoudre néanmoins à partager son territoire avec une multitude d’oiseaux urbains. Ainsi, elle apprit à cogner des ailes pour prendre sa place, à se pavaner avec des plumes artificielles et coûteuses, à se compliquer l’existence à courir les magasins, les happenings, les foules de pies et de paons. Elle en oublia même de s’envoler sagement hors de la ville, quelques heures ici et là, le temps de reprendre son souffle parmi les pommiers et les monts enneigés. Il y a deux ans, la chouette fit la connaissance d’un grand hibou blond, doux et imaginatif, lui aussi né au creux d’une forêt. Depuis, au fil de leurs conversations d’amoureux, le hibou blond et la chouette se remémorent tour à tour le chant printanier des grenouilles des marais, le craquement des vieilles branches d’arbre, le chuchotement du vent passant dans les feuillages, celui qui fait s’endormir jusqu’aux oiseaux de nuit… Plus la chouette se souvient d’où elle vient, moins elle aime où elle est. Mais, son gagne-pain et son hibou adoré la retiennent à la ville. ‘Eh bien, si je ne peux aller à la forêt de mon enfance’, dit-elle, ‘c’est elle qui viendra à moi! Je sais ce que je dois faire! Je créerai univers digne de la forêt et du monde merveilleux de mon enfance! Je le partagerai avec d’autres oiseaux et ainsi, peut-être la forêt, mise en confiance, acceptera t-elle de s’approcher un peu ?’ Ainsi est né ce journal. Un appel au bon vieux temps…

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